Le projet
L'Ecole normale supérieure est une institution qui occupe une place singulière dans le paysage de l'enseignement supérieur et de la recherche. Dans la plupart des pays du monde, les institutions académiques les plus importantes sont des universités, ce qui explique que, vu de l'étranger, le rôle de cette école dans la formation, la recherche et, plus largement au sein de la société apparaisse parfois difficile à saisir. En France, nombreux sont celles et ceux pour qui l'ENS semble une institution familière sans que cette impression repose sur une réelle connaissance de son histoire et de ses transformations.
Comme beaucoup de grandes écoles, l'ENS est en effet plus connue que réellement étudiée. Si l'intérêt des chercheurs et chercheuses a connu des phases de plus grande intensité lors de moments commémoratifs comme le bicentenaire de 1994, ce dernier ayant également été un moment clef dans la sauvegarde de ses archives, ces événements ont joué un rôle ambigu. En effet, ils ont autant contribué à stimuler la production scientifique qu'à faire perdurer des mythes, à commencer, comme l'avait signalé Bruno Belhoste, par celui de la continuité de l'école. Il y a pourtant peu de rapports entre l'éphémère, quoiqu'ambitieuse, entreprise de l'an III, l'Ecole normale refondée comme lieu de formation des professeurs de lycées de l'Empire en 1810, et l'école qui devient "supérieure" en 1847. Cette dernière reste pendant longtemps un des lieux de formation pluridisciplinaire de l'élite enseignante avant de devenir, beaucoup plus tard, un lieu de formation par la recherche mais aussi de production de recherches reconnues au niveau international. Si le travail des chercheuses et des chercheurs permet désormais de relativement bien connaître l'école du XIXe siècle, beaucoup reste à faire pour les périodes plus récentes et, plus encore, pour comprendre et mesurer la place des normaliens et normaliennes non seulement dans l'enseignement et la recherche mais aussi dans l'ensemble de la société.
Pour sortir des idées reçues sur l'ENS, que celles-ci contribuent à en donner une image exagérément flatteuse ou uniquement critique, il faut s'efforcer d'en étudier toutes les facettes, en s'appuyant sur l'analyse critique des traces qu'ont laissées les professeurs, les chercheurs et les élèves par leur activité à l'école puis hors de l'école. L'ambition de l'école de développer un enseignement de haut niveau dans l'ensemble des disciplines académiques implique que son histoire ne peut être écrite qu'en croisant les compétences de multiples chercheuses et chercheurs. C'est pourquoi le projet associe des spécialistes de champs très divers qui se sont intéressés à l'histoire de l'ENS, de son personnel et de ses étudiants, au fil de cheminement intellectuels très variés.
Le projet des "Archives normaliennes" ambitionne de donner une plus grande visibilité aux recherches qui ont été développées jusqu'à aujourd'hui sur l'histoire de l'ENS, ainsi que sur les recherches et les parcours de ses élèves, mais il vise surtout à favoriser le développement de nouveaux travaux. On souhaite également qu'il puisse servir de point de rencontre entre chercheuses et chercheurs, conservateurs et conservatrices d'archives, étudiantes et étudiants désireux de s'appuyer sur les apports de travaux achevés ou en cours afin de réfléchir collectivement à la manière dont on pourra, à l'avenir, mieux conserver et étudier la multiplicité de traces laissées par les activités d'enseignement et de recherche à l'ENS, mais aussi dans d'autres univers académiques comparables.
Photo de groupe 1885-1886, École normale supérieure, Bibliothèque Ulm-Jourdan
Pour l'instant, il comporte quatre volets :
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un séminaire de recherche pluridisciplinaire, coanimé par Muriel Le Roux, Léa Saint-Raymond, Valérie Theis et Florence Weber, soutenu par la Fondation de l'ENS, dont vous trouverez le programme en cliquant ici.
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un projet de recherche collectif, dirigé par Florence Weber, financé dans le cadre des "Actions incitatives" de l'ENS-PSL, visant à étudier le département de physique de l'ENS-PSL en croisant des approches ethnologiques, sociologiques et historiques
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des projets de recherche menés par des normaliennes et des normaliens dans le cadre du cours d'initiation aux Humanités numérique de Léa Saint-Raymond
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une cartographie évolutive des archives et des ressources en ligne relevant du champ des archives normaliennes.
Repérer et contribuer à étudier les archives normaliennes est un projet de première importance pour contribuer à mieux connaître et surtout à mieux comprendre l’histoire de l’Ecole et la place des normaliennes et des normaliens dans la société. On espère qu'il fera sens au-delà de cet univers académique spécifique en entrant en dialogue avec d'autres projets relevant de l'histoire des sciences et des savoirs et qu'il éveillera la curiosité des visiteurs et visiteuses de ce site pour les parcours intellectuels, mais aussi personnels, d'hommes et de femmes qui ont contribué, par leur travail passionné, à déplacer les frontières des savoirs scientifiques et des pratiques sociales de leur temps.
Valérie Theis, 7 juin 2023
Orientation bibliographique
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Charle Christophe, Les élites de la République : 1880-1900, Paris, Fayard, 2006.
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